
Théorie de la Terre creuse d'Edmund Halley.


Edmund Halley émit en 16921 l'idée que la Terre était constituée d'une coquille creuse d'environ 800 km d'épaisseur, de deux coquilles concentriques intérieures, et d'un noyau central, ayant respectivement les diamètres approximatifs des planètes Vénus, Mars et Mercure. Ces coquilles seraient séparées par une couche atmosphérique, chacune d'elles aurait ses propres pôles magnétiques, et elles tourneraient à des vitesses différentes. Halley a proposé ce modèle pour expliquer des anomalies dans l'affichage des boussoles. Il émit l'hypothèse de l'existence d'une atmosphère lumineuse à l'intérieur de la Terre, celle-ci produisant les aurores boréales en s'échappant à l'extérieur2. Il émit également l'hypothèse que les mondes intérieurs pourraient être habitésnter une histoire, et pour vous présenter à vos utilisateurs.

Théorie de Argatha
La Terre creuse envisagée par Euler


En 1818, John Cleves Symmes, Jr. (en), suggéra que la Terre était constituée d'une coquille d'environ 1 300 km d'épaisseur, avec des ouvertures d'environ 2 300 km au niveau des deux pôles, et de quatre coquilles intérieures, chacune d'elles étant également ouverte aux pôles. Symmes devint le plus célèbre parmi les premiers partisans de la terre creuse. Il prépara même une expédition au pôle nord, grâce aux efforts de l'un de ses disciples, James McBride, mais le nouveau président des États-Unis, Andrew Jackson (en fonction de 1829 à 1837), mit fin à la tentative[Pourquoi ?]. Symmes mourut en 1829 sans avoir pu mener à bien son projet.
Cependant, un autre de ses disciples, Jeremiah Reynolds, qui organisait des conférences sur la « Terre creuse », suggéra également une expédition au pôle. Il semble qu'il ait tenté d'en organiser une par lui-même, mais l'issue en demeure obscure. Les informations disponibles sur Reynolds restent fragmentaires et contradictoires ; il n'existe même pas de portrait de lui. Certains[Qui ?] affirment qu'il n'avait que des intérêts pécuniaires, que l'« expédition » qu'il proposait n'était en fait qu'une tentative de fraude, et qu'il disparut ensuite. Pour d'autres, il essaya réellement de mener à bien son expédition mais échoua, puis tenta en vain de rejoindre l'expédition de Charles Wilkes en 1838-1842, la suite de sa vie nous étant inconnue.[réf. nécessaire]
Symmes lui-même n'écrivit aucun livre sur ses idées, mais d'autres le firent. McBride écrivit La théorie des sphères concentriques de Symmes en 1826. Il semble que Reynolds ait rédigé un article qui parut sous forme de brochure séparée en 1827 : Commentaires sur la théorie de Symmes parue dans l'American Quarterly Review. En 1868, un professeur du nom de W. F. Lyons présenta dans Le Globe creux une théorie proche de celle de Symmes, mais ne mentionna pas ce dernier. Le fils de Symmes, Americus, publia alors La théorie des sphères concentriques de Symmes pour remettre les choses en place.
Terre creuses concaves
Au lieu de considérer que nous vivons sur la surface extérieure d'une planète creuse, ce que l'on nomme parfois théorie de la Terre creuse « convexe », certains théoriciens sont partisans d'une théorie de la Terre creuse « concave ». Selon l'une de ces théories, nous vivons à l'intérieur d'un monde creux dans lequel c'est la force centrifuge et non la gravité qui nous maintient au sol, et l'univers que nous voyons n'est qu'une illusion qui pourrait être produite par des déviations de la lumière. La surface de la Terre, dans une telle conception, pourrait ressembler à la coquille interne d'une sphère de Dyson. De telles spéculations n'ont cependant jamais été prises au sérieux par la communauté scientifique. Selon d'autres théories, l'univers visible serait aussi réel que dans la cosmologie classique.
Cyrus Teed, médecin et alchimiste, eut en 1869 l'intuition mystique (illumination) d'un tel modèle de Terre creuse concave, qu'il appela « Cosmogonie cellulaire ». À partir de cette vision du monde, il fonda la secte Koreshan Unity (Koresh est la version hébraïque de son prénom Cyrus), et créa en 1894 avec ses disciples une communauté utopiste à Estero en Floride, aujourd'hui parc historique. Les disciples de Teed effectuèrent en 1897 des mesures sur la côte de Floride, près de la ville de Naples, à l'aide d'un équipement technique approprié dit « rectiligneur » (rectilineator) ; selon eux, les résultats obtenus apportaient la preuve expérimentale de la concavité de la courbure de la Terre ; l'origine des (probables) erreurs expérimentales commises n'a pas encore été précisément décrite à ce jour.
Plusieurs écrivains allemands du xxe siècle, dont Peter Bender, Johannes Lang, Karl Neupert et Fritz Braun, publièrent des travaux défendant la théorie de la Terre creuse concave (Hohlweltlehre). Selon certains[Qui ?], plusieurs membres de l'entourage d'Adolf Hitler (et peut-être Hitler lui-même) étaient influencés par cette idéologie, aurait ordonné une opération destinée à espionner la Flotte britannique à partir de l'île de Rügen en mer Baltique ; il s'agissait d'obtenir des images des forces ennemies en dirigeant des télescopes vers le ciel, ce qui s'est conclu par un échec5. Dans une variante, l'opération aurait été menée de l'île de Man dans le but d'espionner les États-Unis.
Certains[Qui ?] partisans de la théorie de la Terre creuse concave considèrent que la mise en avant d'Hitler est une opération de désinformation destinée à la discréditer. Il est cependant établi, depuis la parution en 1960 du Matin des magiciens, que l'idéologie nazie se caractérise par un certain mysticisme, le nazisme ayant notamment fondé l'essentiel de son idéologie sur les thèses ésotériques développées par l'Ordre de Thulé6.
L'un au moins des théoriciens contemporains de la Terre creuse concave, le mathématicien égyptien Mostafa Abdelkader, a étudié les adaptations des lois de la physique qui en sont la conséquence, notamment dans les domaines de la gravitation et de l'optique.
Divers articles scientifiques dont il est l'auteur décrivent en détail son modèle de Terre concave.
Dans l'un des chapitres de son livre On the Wild Side (1992), Martin Gardner examine le modèle développé par Abdelkader. Selon Gardner, cette théorie pose comme principe que les rayons lumineux se déplacent selon des trajets circulaires,
et ralentissent lorsqu'ils se rapprochent du centre de la caverne remplie d'étoiles. Aucune énergie ne peut atteindre le centre de la caverne, qui ne correspond à aucun point situé à distance finie de la Terre dans la cosmologie couramment acceptée par la communauté scientifique. En outre, les dimensions des objets varient selon leur distance au centre de la caverne. Aucune expérimentation ne permettrait de conclure à la validité de l'une des deux cosmologies. Martin Gardner note que « la plupart des mathématiciens croient qu'un univers inversé, avec des lois physiques correctement adaptées, est empiriquementirréfutable », c'est-à-dire métaphysique. Gardner rejette donc la théorie de la Terre creuse concave en vertu du « principe de simplicité » couramment appelé rasoir d'Ockham.
Il est bien sûr toujours possible de définir une transformation mathématique des coordonnées telle que l'intérieur de la Terre devient l'extérieur, et réciproquement. Par exemple, dans un système de coordonnées sphériques,
la transformation (appelée inversion) dans laquelle le rayon r deviendrait R²/r (où R est le rayon de la Terre) laisserait inchangés les points à la surface de la Terre, mais placerait au centre de la caverne les points à l'infini de l'univers classique. De telles transformations demanderaient que les lois physiques soient modifiées en conséquence. Le consensus scientifique suggère que de telles théories tendent au sophisme7.

Théorie de la gravitation de Newton et Terre creuse
Selon la théorie mathématique du potentiel gravitationnel d'Isaac Newton, la force gravitationnelle est nulle à l'intérieur d'une coquille sphérique, quelle que soit l'épaisseur de celle-ci, si l'on néglige l'effet des autres masses à l'intérieur et à l'extérieur de la coquille (théorème dit « de la coquille creuse »). Ainsi, selon ce théorème, et contrairement à la croyance populaire, les êtres qui vivraient à l'intérieur d'une terre creuse supposée ne subiraient aucune attraction vers l'extérieur, et ne pourraient donc pas se maintenir sur le sol. Ils se trouveraient en état d'apesanteur presque complète, ne ressentant que la légère force de gravité résiduelle provenant de la forme imparfaitement sphérique de la terre, et des forces de marée produites par les corps célestes extérieurs, comme la lune. La force centrifuge due à la rotation de la terre les attirerait en théorie vers l'extérieur, mais elle n'excéderait pas, même à l'équateur, 0,3 % de la force de gravité qui s'exerce à la surface « extérieure » de la terre.